Le coup de coeur du jour : "Une belle fin" de Uberto Pasolini

C’est le nom d’Eddie Marsan au générique qui m’a donné envie de regarder le film « Une belle fin » (« Still life » pour le titre original). Et puis je ne sais pas résister aux films britanniques qui sont, avec les acteurs britanniques, une de mes grandes faiblesses. Et encore une fois, je n’ai pas été déçue.

L’histoire est celle de Mr May. Il travaille pour la ville de Londres dans un service qui s’occupe de retrouver les familles ou attaches des personnes décédées seules (oubliées, pour la plupart du temps). Son patron lui annonce un jour qu’il travaille trop lentement, et qu’il n’a plus besoin de ses services. Mr May demande l’autorisation de terminer le dernier cas sur lequel il travaille.

Mr May est un homme seul lui-même. Il vit une vie lisse, propre, sans vague. Tout ce qu’il fait est précis, minutieux. Il conserve les photos de tous ceux dont il s’est occupé dans un album net, qu’il prend soin de remplir régulièrement et proprement. Rien ne dépasse dans sa vie. Le film est très silencieux, posé, lisse également. Il y a un côté terne et calme assez triste mais paradoxalement assez reposant dans la vie de cet homme avec ses habitudes et ses manies. Le film étant centré complètement sur cet homme, Eddie Marsan tient tout le long-métrage. Et il y est parfait. Très seul dans les plans du film comme son personnage l’est dans l’histoire, ses regards sont primordiaux. J’aime la retenue qu’il donne à son personnage et le soin qu’il apporte à chacun de ses gestes. Les petits détails font tout le film, comme la façon dont il essuie méthodiquement les miettes de la tablette lorsqu’il est dans le train ou comme il lisse les pages des dossiers qu’il consulte ou encore redresse les pots à crayons sur son bureau. Ce qui fait que dès lors qu’il s’autorise une petite sortie de son chemin bien droit, on jubile avec lui. Même lorsqu’il s’agit juste de boire un chocolat chaud au lieu de son thé habituel et qu’on sent bien que ça bouleverse ses habitudes.

On aime aussi la persévérance de cet homme qui s’échine à redonner une dignité et un semblant d’importance à des oubliés de la vie, qui tente de convaincre les proches (sans y parvenir la plupart du temps) de venir aux funérailles alors qu’ils avaient rompu les ponts avec la personne des années auparavant. Je ne veux pas révéler ici tout ce que couvre le rôle du personnage mais en même temps, j’ai envie de partager la jolie découverte qu’a été ce film datant déjà de 2013 (mais à priori sorti seulement en 2015 en France. Allez comprendre). Et aussi parce que j’adore Eddie Marsan. Et puis aussi parce que ce film est très poétique et tout en discrétion. Comme s’il ne voulait pas faire de bruit, arriver comme ça dans le fond de la salle, passer son message délicatement, et repartir comme il était venu.

Les +++ qui donnent envie de revoir le film

• Tous ces petits détails, cette netteté, cette précision dans les gestes et dans les plans.
• Ai-je besoin de revenir sur ce point : pour la prestation d’Eddie Marsan.
• La fin du film dont je ne peux vous parler mais qui est tellement, tellement jolie et poétique.